Commandement 1 : Des rêves tu auras…
Quand j’ai débuté le vélo, je rêvais d’escalader les cols qui ont fait la légende du tour de France ou de participer aux grandes cyclosportives montagnardes. Pour la course à pied, le rêve fait
42.195 kms…
Commandement 2 : A courir tu apprendras…
Le 1er novembre 2010, après dix ans d’abstinence, je décide de rechausser les baskets. Les premières sorties sont terribles, des muscles nouveaux semblent apparaître. Puis petit à
petit, les courbatures durent moins longtemps et la durée des sorties s’allongent. Je m’aligne sur 10 kms du côté de Cazals, de Blagnac et goûte aux joies du semi à Montauban. Je me promets de
tenter le marathon en 2012 pour ma 40ème année, les événements m’amèneront à devancer l’appel…
Commandement 3 : La pédale douce tu mettras…
Pour réduire ma pratique cycliste, j’ai trouvé un moyen imparable : une relation non consentie avec un véhicule automobile (la justice new-yorkaise parlerait plutôt de « relation
précipitée »). Sortez couvert, portez un casque. Pendant ma convalescence, l’idée du marathon germe dans mon esprit, le concept de « marathon thérapeutique »…
Commandement 4 : Méthodiquement tu te prépareras…
Alors qu’en vélo, ma préparation se limitait à une accumulation de bornes quasi pathologique, pour le marathon on suit un plan d’entraînement. Pour l’élaborer, je me suis nourri des saintes
écritures, j’ai tout lu Bruno Heubi, le grand prêtre de la préparation physique. Puis pendant près de trois mois, je me suis imposé 3 sorties par semaines, ce qui est un minimum pour ce type de
préparation (mais mon corps de néo-capiste avait du mal à en supporter plus).
Commandement 5 : Un pèlerinage, tu t’imposeras…
Et quel pèlerinage, une virée dans la ville rose de ma jeunesse. Un départ du stadium où dans mon ancienne vie de footeux j’allais encourager les violets, un coucou à St Sernin où j’allais au
lycée, une arrivée au capitole, tout un programme… Et puis, il y a Toulouse mais aussi les Toulousains et leurs chaleureux encouragements tout au long du parcours…
Commandement 6 : Aux exploits du XV de France, tu renonceras…
Quelle idée saugrenue de se trouver un jour de finale de coupe du monde dans la capitale de l’Ovalie et de courir… Heureusement, certains concurrents courent avec la radio et nous sommes informés
en temps réel de l’évolution du score.
Commandement 7 : D’humilité, tu feras preuve…
A oui, en course à pied, on a des objectifs de temps. Mon premier objectif était d’atteindre l’arrivée. Mais pour « faire mon marathonien » je m’étais dit que 4h 13mn soit 10 à l’heure,
ce serait pas mal. Mais pas de meneurs d’allure à Toulouse dans cette tranche horaire, donc je décide de partir avec les meneurs d’allure 4 heures et de les accompagner le plus longtemps possible
et que mon progressif déclin me conduirait autour de mon objectif initial.
De la théorie à la réalité, il y a parfois un monde… Je suis les meneurs d’allure pendant 5 kms et dans ma grande naïveté, je décide de leur fausser compagnie (eh oui avec ma grande expérience en
« marathonie », je peux aisément me permettre de voler de mes propres ailes !). Le premier semi se fait dans une espèce d’euphorie, je passe en 1h55 en toute confiance (j’avais
fait 1h42 lors du seul semi de ma vie, donc je me disais que j’étais encore assez prudent). Et puis, après le semi, sur le chemin du retour, un classique toulousain s’invite à la fête, le vent
d’autan nous fait face… Mon rythme se ralentit et au km 33, les meneurs d’allure me dépassent et me clouent sur place (le km 33, parfait pour une crucifiction). La suite est un chemin de croix,
le second semi est bouclé en 2h 27, c’est ce qui s’appelle « l’extra-méga positive split ».
Commandement 8 : Le mur, tu éviteras…
J’avais lu ici ou là, cette histoire de mur du km 35, j’avais même déniché des explications scientifiques. Mais j’avoue que j’étais un peu circonspect, ça me rappelait les histoires de dahut en
colonie de vacances. Bon aujourd’hui, j’ai fait connaissance avec lui autour du fameux km 35. Je l’ai même pris en pleine face et les parpaings étaient épais… Les jambes ont commencé à peser des
tonnes et j’allais aussi vite en courant que les concurrents qui marchaient…
Commandement 9 : Ton apport énergétique, tu surveilleras…
En vélo, sur les longues distances, mon talon d’Achille a toujours été mon estomac et mon potentiel « vomitologique ». Je pensais qu’en course à pied, la durée des épreuves étant plus
courtes, la digestion serait moins problématique. Il n’en fut rien et durant la dernière heure, il me fut impossible d’avaler quelque chose et boire devint aussi difficile. Seul un arrêt au stand
Coca-Cola, lors des ravitaillements du km 35 et du km 40, fit office d’eau bénite. Mais aussi peu d’essence dans le réservoir, pas de risque d’excès de vitesse…
Commandement 10 : Quand tu auras fini, recommencer tu désireras…
Quand au bout de 4h22 d’effort je passe la ligne, j’avoue ne pas avoir de suite eu envie de remettre le couvert. Pendant la demi-heure qui suivit, je n’étais pas tout à fait étanche, mais
rapidement la douleur physique laissa place à la joie d’avoir passé la ligne. Ce marathon reste une formidable expérience et une belle aventure intérieure. En 2012, je passerai du Capitole à la
capitale en essayant de faire mieux et de vivre autant d’émotions…